الخميس، 5 مايو 2011

Les origines des noms des villes sahraouies marocaines


Laâyoune – Boujdour – Sakia Al Hamraâ: Prolongement naturel de l’écosystème d’Oued Noun, la région de Sakia Al Hamraâ constitue un trait d’union entre cet ecosystème et la région d’Oued Eddahab. Malheureusement, le découpage colonial l’a arbitrairement démembré en vertu de l’accord de partage, la soumettant ainsi, autant qu’Oued Eddahab, à l’autorité espagnole. Située dans le prolongement direct de Tarfaya (la province marocaine méridionale) qui s’étend le long de l’océan atlantique jusqu’au cap dénommé Boujdour, ou Boukhadour si on prononce ce nom en espagnol, la région de Sakia Al Hamraâ est délimitée au Nord par le Cap de Tarfaya (Cap Joubi) et plus précisément « Attah » et au Sud par le Cap Vert de
Boujdour. S’agissant des origines de ce nom, force est de relever que rares sont les indications historiques à ce propos, à l’exception de certains récits oraux qui considèrent que le nom est emprunté à l’oued qui traversait cette région, dénommé jadis « Oued Sakia Al Khadraâ ». Les habitants de cette région ont été cependant contraints à détruire et à celer certaines sources d’eau avant de s’enfuir en raison de l’exode de certains groupes humains originaires de l’Adrar mauritanien (Chenguit) qui ont occupé de force cet espace. Devenue, une décennie après, un espace peu productif et dépourvu d’assez de verdure, la région aurait
été renommée par conséquent « Sakia Al Hamraâ ». Parmi les plus importantes villes de la région d’Oued Sakia Al Hamraâ, on cite :

Laâyoune : connu jadis sous le nom « Aâyoun Al Madlachaoui » en référence à « Madlach », cette ville était à l’origine une sorte d’oasis, qui s’est transformée par la suite en « Madchar Bani Achrine ». Les récits oraux avancent que l’abondance des sources d’eaux dans cette zone est à l’origine de sa dénomination ;

Boujdour : située sur une pente, cette zone domine le golfe marin d’Oued Sakia Al Hamraâ au niveau du point dénommé le « Cap Vert », considéré comme étant l’extrémité Nord de la région d’Oued Eddahab. Son site est considéré parmi les sites marins les plus difficiles, ayant enregistré le naufrage de plusieurs navires européens d’exploration. On estime que le nom de cette zone trouve son origine dans les sons générés par le contact des vagues houleuses avec les rochers. En effet, quand il traverse le Cap Boujdour, le vent engendre des sons graves disparates, alors que le sable doux emporté par le vent produit un sifflement et
des mélodies douces et harmonieuses. A côté de ces principales villes, la région Sakia Al Hamraâ compte également plusieurs villages (madachir) dispersés, dont notamment madchar Ahmed Laâroussi, Madchar Akhafnir, Al Hakounia, Haouzat Tifariti, Addaoura, Tardir, Al Marssa, Bir lehlou, Al Farsia,
Ajdiria, etc.

Addakhla - Oued Eddahab: Connue sur les cartes espagnoles sous le nom de « Rio Oro », la zone géographique d’Oued Eddahad s’étend de l’extrême limite Sud de Sakia Al Hamraâ (Cap Boujdour) dans le Tirss
occidental au Cap Blanc. Concernant l’origine de la dénomination, presque aucune indication historique ne peut nous aider à la déchiffrer sur le plan toponymique. Toutefois, nul doute que le nom a des liens avec l’or et son commerce, eu égard au fait que la région était historiquement un passage pour les caravanes sahraouies reliant le Maroc à l’Afrique sub-saharienne. Parmi les plus importants villes de la région d’Oued Eddahab, on cite :

Addakhla : chef lieu de la région, elle a été fondée par un explorateur espagnol en 1884 et qui a été bâptisée ainsi en la mémoire d’un autre explorateur espagnol Jiménez Di Sicineros abattu par les populations sahraouies lorsqu’il a débarqué sur les côtes marocaines sahraouies en 1517. Situé dans le golfe d’Oued Eddahad, Addakhla est une agglomération agréable et moderne, qui s’est développée comme centre maritime sur le littoral oriental ; Lagouira : Située à 450 Km au Sud d’Addakhla, elle constitue la dernière colonie espagnole en Afrique occidentale. Etablie sur la presque île du Cap Blanc, à 3 Km du Port d’Etienne, Lagouira a été dénommée ainsi en raison de son relief (Gouira) sous forme d’un magnifique
plateau, qui en a fait la destination préférée des pêcheurs canariens amateurs de poulpe. Outre ces deux villes principales, on trouve plusieurs villages (madachir) dans la région d’Oued Eddahab, dont notamment :
Bir Guendouz : situé à proximité des frontières mauritaniennes, à 125 Km de Bouratiane et Lagouira, ce madchar a pris ce nom en référence au puits qui y existe. Entouré par des dunes de sable, ce puits est en face, du côte mauritanien, de deux importants puits, à savoir « Boulanouar » et « Ayyouj » ;
Zouk : situé sur la ligne frontalière entre la Mauritanie et Oued Eddahab et longeant la région des grandes dunes, ce petit village (madchar) a emprunté son nom à l’eau douce puisée dans le puits qui y existe. Objet jadis d’une grande affluence des caravanes de commerce traversant le Sahara, ce puits a un diamètre de 3 mètres et une profondeur de 12 mètres. La région compte également d’autres villages (madachir) : Tachla, Aousserd, Al Aârgoub, Bir Anzarane, Oum Drigua, Amili, Mijk, Klibat, Al Foula, Ghouinate, Trifit, Tardir, Laâmira, Al
Mami, Laâtabia, Timgradate, Sbita, etc.


Guelmim – Smara – Oued Noun: La détermination de la position géographique de cette région dans les écrits et les études historiques pose deux principales problématiques, à savoir l’étroitesse de l’espace de cet oued qui était à l’origine de sa dénomination et la largesse du territoire occupé par les habitants de la région depuis plus de trois siècles. De manière plus précise, cette région s’étend des environs d’Ifni au Nord à « Al Akidi » au Sud-Est, et de Tarfaya à l’Ouest et Taghouinit à l’Est. Le chercheur français Fréderic De Lachapelle a indiqué que cet espace, délimité à l’Ouest par le littoral, au Nord par le massif montagneux de l’Anti Atlas occidental et au Sud par le Sahara, couvre l’ensemble du territoire des tribus « Tagna ». Le chercheur marocain Naîimi conforte que la région de l’Oued Noun couvre l’ensemble du territoire des tribus « Tagna », affirmant qu’elle est une zone présaharienne regorgeant de villages (madachir) et qu’elle est limitée par le Sahara atlantique ou ce qui est communément dénommé Sakia Al Hamraâ et Oued Eddahab. Quant aux origines de la dénomination de la région d’Oued Noun, les récits diffèrent et divergent à ce sujet. En effet, certaines sources estiment que le nom a des origines mythologiques, en référence au nom d’une reine chrétienne dénommée « Nouna » qui a érigé « Agadir Nouna », situé près du village « Taliouine », en capitale. D’autres récits oraux considèrent, par contre, que l’origine de cette dénomination est à imputer à une espèce de poisson appelé « Noun », existant en abondance dans un lac près d’Oued Assaka. D’autres récits transmis de père en fils rapportent que « Noun » n’est que le poisson qui a avalé le prophète israélite Younes, comme c’est cité dans l’évangile et le Coran. Ces récits croient que le poisson a rejeté le prophète Younes sur les côtes de cette région, en
l’occurrence le littoral d’Oued Noun. Par ailleurs, d’autres récits affirment que le nom de la région est dérivé de celui de « Nouk » (qui signifie chamelles en français), eu égard au fait que cet espace était dans le temps un riche pâturage pour les chameaux du Sahara. Parmi les principales villes d’Oued Noun, on cite :

Guelmim : chef lieu de la région d’Oued Noun, cette ville est située sur le versant d’une dune et dominée par un édifice fortifié dénommé « agadir », nom amazigh qui signifie le « site fortifié ». Lors du XIXème siècle, cet édifice était la résidence d’Abdeddine, frère et suppléant du Caïd Dahman Oueld Birouk, qui résidait, quant à lui, dans la Kasbah située dans la partie Sud de la ville, à 111 Km au Nord d’Assa. Certains récits estiment que la ville fut fondée par le Caïd Birouk, alors que d’autres récits indiquent que l’origine de la dénomination est un mot amazigh composé de « Aglou » qui signifie datte et « Imim » qui signifie délicieux.

Tan-Tan : située à l’embouchure de l’Oued Drâa sur l’océan atlantique, au Nord du Sahara marocain, à 120 Km au Sud Ouest de Guelmim, cette ville est délimitée à l’Est par la ville d’Assa se trouvant à 230 Km. Les récits oraux sont quasi unanimes à estimer que l’origine de la dénomination de Tan-Tan est « Tantin », en référence aux sons générés par l’écoulement de l’eau dans le fond du puits situé dans l’Oued Ibn Khalil, portant le nom d’un noble sahraoui traîtreusement tué dans cet oued qui traverse la ville. Ce puits était une escale obligée pour les caravanes traversant le Sahara afin de s’approvisionner en eau et se reposer. Un autre récit oral estime, quant à lui, que « Tnitina », qui est le diminutif de « Tan-Tan », signifie, selon l’expression sahraouie populaire, les puits aux eaux douces qui constituent la source de la vie au Sahara.

Assa : ville spirituelle, dont le nom d’origine amazighe signifie « creux ». Sa zaouïa fut fondée, selon les documents qui y sont conservés, par un saint qui a décédé en 1107 (500 ans de l’hégire). Située au Sud Est d’Oued Noun à l’extrême limite de la région du Souss, à 110 Km de Guelmim, cette ville se trouve à 295 mètres au dessus du niveau de la mer. Relevant naturellement du bassin Drâa, cette ville est ceinte par deux chaînes montagneuses : la première chaîne montagneuse est l’Anti Atlas qui est situé au Nord, connu sous le nom « Jbal Bani » aux hauteurs moyennes avoisinant 800 mètres et la seconde chaîne montagneuse « Ouarkziz », qui s’étend au Sud de l’Oued Drâa et se distingue de la première chaîne par ses hauteurs. Certaines études historiques indiquent que l’origine du nom « Assa » est « Tisst », qui signifie le bassin versant. C’est d’ailleurs l’ancien nom que portait la région, qui fut baptisée, par la suite, « Assa Toudrâa Azzaytoune », « Blad Ida Oukiss », « Jbel Nhass » (la montagne du cuivre), « Kariat Al Aouliaâ » (le village des saints), etc.

Smara : ville spirituelle, elle est située à 240 Km à l’Est de Laâyoune et fut fondée par le saint Cheikh Maâou Al Aynayne au début du XXème siècle, autour de la zaouïa bâtie en 1889. Un récit oral indique que l’origine de sa dénomination est la plante appelée « Assoummar » ; plante très abondante dans l’Oued Salouane, utilisée pour la fabrication des paillets et du papier. Un autre récit oral estime, par contre, que l’origine de la dénomination est « Smar », qui signifie le lait délayé avec de l’eau à raison des deux tiers. Dénommé également « Zrigue » en langue hassanie, ce lait très dilué est fortement sollicité dans la région connue par ses hautes températures.

Tarfaya : située dans le golfe de la ville de Tan-Tan, cette région, connue également sous le nom de « Cap Jubi », se trouve à 115 Km de la ville de Laâyoune. Etant à l’origine une colonie britannique, de 1887 à 1895, la ville a été inaugurée à l’époque grâce au projet architectural britannique de M’kinsey, qui a jeté les bases de son édification et de son urbanisation par la suite, notamment sous le protectorat espagnol qui l’a placée sous une direction régionale, contrôlée par la Direction de Tétouan. S’étendant de « Amgrioua » au Sud à l’Oued Drâa au Nord, cette région, à laquelle a été annexée la ville d’Ifni, a été dénommée « Cap Jubi » par les espagnols, en référence à un explorateur espagnol qui a visité la région, qui fut un centre principal pour les liaisons maritimes assurées par les navires européens.


Source: Www.12siecles.com